Le Piano Argentin

7 février 2015

Mélisa Beaujour a réuni les écoles de Serquigny et Beaumont-le-Roger autour des musiques d'Amérique latine. Après une master class avec Silas Bassa dans l'après-midi, ce dernier donna un récital ouvert au public le soir.

Oscillations et éblouissement. Un choix de pièces subtiles qui s’enchevêtrent les unes les autres, jamais ne se succèdent, ne semblent pas procéder d’un avant et d’un après, mais paraissent s’engendrer tout simplement. La musique enveloppe les auditeurs-amateurs et les surprend, les kidnappe, les ravit, au sens littéral, pour les mener dans cet entrelacs de l’espace et du temps, de la musique et du silence. Un lieu sans lieu. Un temps où règne l’infini. Où nos catégories sont abolies. Dans un jeu pianistique duquel s’en dégagent puissance, fluidité, délicatesse. Maîtrise et sensibilité mêlée.

On passe ainsi de Philip Glass à Erik Satie et dans un mouvement de miroir, d’Erik Satie à Philip Glass, pour aboutir à 4’ 33’’ de silence de John Cage, composition la plus minimale qui soit,  puisque composée uniquement de silence. William Duckworth et Debussy nous ramènent à la musique à l’état pur. Pour finir, Paris-Villepinte, composition de Silas Bassa entraine dans une folle épopée, rythme infernal, sans fin. Le Tango nous rend à notre humanité, à la sensualité, à notre incomplétude, au déchirement entre des sentiments contraires. Au coeur de la vie, il peut se faire drôle, espiègle, dans Tango Perpétuel d’Erik Satie ou dans Tango Evocacion, mais aussi marqué au sceau de la nostalgie, de la solitude de Aquel Buenos-Aires. La Beauté indissociable du sentiment tragique. Et le sentiment de l’éternel retour.